La coupe du monde de foot, si proche et déjà bien loin. Elle n’aura finalement duré que le temps d’un éclair…
… de lucidité ? Pas certain !
Initialement raillés par beaucoup, nos joueurs ont donné, tout au long de la compétition une belle image d’eux, donc de tous ceux qu’ils représentaient. Même ceux qui n’aimaient pas le foot se sont sentis vainqueurs.
Cela a rassemblé des millions de personnes et simultanément agacé quelques centaines de milliers d’autres jusqu’à ce que le coup de sifflet final mette tout le monde d’accord. Les supporters l’ont gagnée et ceux qui ne la supportaient plus en ont été débarrassés.
Voilà, c’est fait, plus personne n’en parle, mais ce n’est fini pour autant.
L’embrasement du public pour cette victoire ne peut être considéré comme de l’amour, puisqu’il y a des mécontents, mais ce n’est pas non plus de l’aversion justement parce que beaucoup s’en réjouissent.
Beaucoup d’heureux d’un côté, quelques malheureux de l’autre, ce n’est pas anodin. Certes, il en faut pour tous les goûts, mais la nature, qui ne fait pas les choses à moitié, n’a que faire de nos avis partagés. Rien ne se passe sans raison.
Pour en comprendre le sens il faut replacer la réaction dans son contexte, l’intellect.
Ces comportements résultent d’une dynamique entre acteurs et spectateurs, entre la notoriété des uns et l’intérêt des autres. Motivation vs valorisation.
Cette même dynamique produit des réactions en chaîne qui, malgré leurs similitudes, sont uniques. Elles dépendent de la personnalité de chacun. Exagération vs exaspération.
Il s’agit là d’un schéma élémentaire de la nature en général et de notre nature en particulier dont le moteur est, dans tous les cas, l’émotion.
Une catastrophe naturelle, une élection, un crash d’avion, un crime hors du commun ou tout autre fait divers majeur qui soulève des passions attisées par la sensibilité du plus grand nombre, sont comparables à cette compétition sportive internationale et relèvent du même processus émotionnel.
Cela bouscule les habitudes, heurte les sensibilités et suscitent des réactions collectives de grande ampleur au même titre qu’une bonne ou une mauvaise nouvelle. Ce sont des chocs émotionnels dont le sens est pratiquement indécelable parce que l’attention se focalise sur l’évènement quand elle devrait s’attarder à sa raison d’être.
Avant que le précédent ne s’efface des mémoires, viendra s’y associer le grand choc émotionnel suivant, différent par sa forme, mais strictement identique sur le fond et ainsi de suite. Ce sont des redondances émotives. Celles-ci sont collectives, d’autres sont individuelles, mais c’est le même principe.
L’objectif est de réfléchir, comprendre, apprendre et mettre en œuvre un enseignement dispensé à notre insu de façon collégiale. Chacun le mettra, ou ne le mettra pas, à son profit par la suite, mais l’impact aura nécessairement sur chacun des conséquences.
La seule composante qui changera, à part l’évènement lui-même, sera l’intensité du pôle d’intérêt d’un petit pourcentage de personnes parmi la population d’individus concernés. C’est l’intensité de l’émotion qui changera, rien d’autre.
La difficulté, et pas des moindres, est de saisir la signification de ce choc émotionnel pour comparer, et mettre en phase au besoin, nos propres certitudes avec la réalité des faits.
L’émotion suscitée est personnelle, intime même, toujours liée à la nature de la personne qui la subit. Aucune autre même si, comme chaque fois, la raison vient des autres.
La personne qui en est l’objet sait pourquoi elle est émue, mais, paradoxalement, n’en perçoit pas, ou rarement, le sens. Or, une émotion comprise est une vision ajustée (réaliste) et un comportement équilibré.
Ainsi, nous pleurons par tristesse, ou sommes en colère par insatisfaction. Ce sont là les raisons de l’émotion, sa matérialisation. Pourtant très peu de personnes auront saisi qu’il s’agit en réalité d’impuissance ou d’obligation à l’adresse de qui ressent l’émotion.
Celle-ci pénètre au plus profond de l’intellect pour susciter une réaction en rapport avec son sens subtil. Cela se traduit nécessairement, à plus ou moins long terme, par un éveil de conscience.
En pratique, cette sensibilisation se solde très souvent par un échec, du moins les premières fois, c’est pourquoi un évènement majeur semblable se reproduira.
Pour parvenir à saisir une signification qui est loin d’être évidente, les circonstances semblent se reproduire, mais en fait il n’en est rien. Elles se produisent tout simplement. C’est nous qui les appréhendons toujours de la même façon en réagissant par le biais d’une émotion qui aura une signification précise unique. En comprenant son sens, la personne concernée aura alors les moyens de corriger les failles de sa propre nature.
Lors de ces redondances, parmi l’immense population de personnes concernées, le pôle d’intérêt d’un petit pourcentage d’individus ayant su tirer les enseignements de ces inhabituelles circonstances, s’estompera. Celui de ceux qui en auront compris le sens.
La nature ne tient aucune comptabilité sur ce que nous avons à faire, pas fait ou mal fait.
La victoire de la coupe du monde a peut être été vite oubliée, sa symbolique est toujours présente dans l’intellect collectif et l’évènement marquant lui succédant endossera la même importance en matière de signification.
Cela se traduit ainsi :
Au détour du quotidien, une situation particulière retient l’attention.
Une belle femme entre dans un bar. Les hommes accoudés au comptoir la dévorent des yeux. Elle ne peut s’empêcher de remarquer leurs regards insistants.
La même situation se reproduit dans d’autres circonstances, en d’autres lieux. Même à ne pas vouloir y prêter attention, la fréquence des répétitions y contraint.
L’une se sent toujours observée et les autres sont toujours à observer.
Cela en devient régulier au point de générer une forme d’agression.
Les hommes sont des pervers et les femmes des salopes.
En réaction se développe un comportement réfractaire à la situation, voire verbalement hostile, allant jusqu’à la censure de toute approche qui irait dans ce sens.
Qualifier cela de harcèlement ou de provocation c’est faire fausse route et accuser le spectateur quand l’émotion est ressentie par l’actrice ou l’acteur.
Leur susceptibilité est à fleur de peau parce que le sens profond de l’émotion qui suscite cette réaction de rejet se cache dans ce que signifient les circonstances par rapport à chacun d’eux et non sur leur impact par rapport aux autres. Tout l’inverse !
Accuser, se plaindre ou se résigner n’est la solution pour aucun.
Les regards insistants de ces hommes sans éducation ne se remarqueraient pas s’ils en avaient précisément. Il en est de même de la beauté qui surprend dans un contexte duquel elle est exclue. Par ce décalage, le sens se défini par ce qui fait défaut. Il pourrait s’agir du manque de considération de l’une envers son environnement ou de l’avilissement des autres conséquent de leurs habitudes. Ce ne sont que des exemples bien évidemment.
Cela pour insister sur le fait que ces symboles ont donc bien une signification autre que celle qui leur est affectée. À chacun d’en saisir le sens en ce qui le ou la concerne car c’est pour prendre conscience de leur l’importance que les situations sont répétitives. Les personnages changent, le sens profond de l’émotion reste le même.
Ainsi, pour reprendre le contexte de la coupe du monde, l’adhésion du plus grand nombre au bonheur de cette victoire va contraster avec la contrariété des mécontents choqués par l’ampleur médiatique, les conséquences sur l’environnement, l’incivisme et les comportements parfois excessifs qui en découlent.
Quand certains ont de bonnes raisons d’être heureux, d’autres ont beaucoup de difficulté à décrocher d’un quotidien qu’ils abreuvent de leur rancœur. Alors la coupe du monde, son tapage médiatique et ses millions de bruyants supporters, autant de raisons de se focaliser sur ses petits malheurs en passant à côté du sens profond de ces situations qui mettent à mal leur susceptibilité.
Ceux qui n’aiment pas les gens heureux, croisent toujours leur chemin, rien de plus normal. Sauf que ce bonheur ne fait en réalité que percer leur bulle pour les forcer à prêter attention à l’imperfection de leur propre nature.
L’émotion sert à nous repositionner par rapport à la réalité, à rétablir l’équilibre, bien souvent précaire, de notre intellect, à réajuster notre vision sur toutes ces choses fausses que nous prenons pour vraies.
Nous ne sommes pas de bonnes ou de mauvaises personnes seulement parce que nous le voulons ou parce que la nature en a décidé ainsi. C’est un travail de réflexion qui incombe à chacun, quel que soit notre degré de compréhension. Il n’y a pas de travaux pratiques qui dépassent nos compétences.
Sans compréhension du sens profond de l’émotion, il ne peut y avoir d’éveil de conscience, donc de maturité. La sagesse ne vient que bien après.
2 comments so far
Castanera VéroniquePublié le7:52 - Oct 18, 2018
j’ai adoré te lire la redondance émotive, merci Denis
Sans compréhension du sens profond de l’émotion, il ne peut y avoir d’éveil de conscience, donc de maturité
Denis NotariPublié le12:41 - Nov 7, 2018
Merci Véronique (avec un peu de retard).